À l’aube de l’humanité, l’écosystème vivait paisiblement. Les équilibres étaient respectés, puisque l’humain ne représentait que 0,1 % de la masse globale de la biodiversité. De nos jours, l’humain et ses animaux domestiques occupent 90 % de la biomasse des mammifères. 90 %, et la biodiversité s’écroule.L’équilibre a été rompu. Il était voué à se rompre dès lors que l’humain s’est sédentarisé. La fin du nomadisme a engendré un bond démographique, s’aggravant au fur et à mesure que les conditions de vie s’améliorent. Mais s’installer dans un lieu fixe a surtout eu comme conséquence de modifier l’écosystème. Durablement. L’agriculture, l’élevage, la domestication, tout cela marque notre empreinte sur l’harmonie du vivant. On adapte ce qui nous entoure à nos besoins et nos envies, ce qui réduit la place laissée au sauvage.L’écosystème n’a pas dit son dernier motJusqu’au moment où l’on dépasse les bornes. Sans réaliser les conséquences de nos modes de vie, on en est petit à petit arrivé à consommer les ressources de trois planètes Terre chaque année. Bien sûr, ce chiffre varie drastiquement selon les pays. Il fait référence au fameux « Jour du dépassement », qui avance tous les ans pour nous indiquer non seulement que nos façons de vivre ne sont pas soutenables, mais de surcroît qu’elles le sont de moins en moins.Malgré cela, une note d’espoir persiste : le point de rupture n’est pas encore atteint. Les espèces animales et végétales sont infiniment résilientes. Tant qu’elles ne sont pas éteintes. Aujourd’hui, il suffirait « d’arrêter de pêcher pendant deux ans et les stocks se referaient » explique Gilles Bœuf, président du conseil scientifique de l’Agence française pour la biodiversité. « Pourquoi on ne le fait pas ? » désespère-t-il... Le plus cocasse dans cette histoire demeure que l’humain s’est nommé lui-même « Homo sapiens ». Or, « sapiens » signifie « intelligent, sage, raisonnable, prudent »…