Dans la nature, les cas d’adoption restent rares. Et ils s’observent le plus souvent entre animaux d’une même espèce. C’est ce qui rend si unique le cas observé entre 2014 et 2018 par des chercheurs du Groupe d’étude des mammifères marins (GEMM) du côté de l’atoll géant de Rangiroa, en Polynésie française. Un Grand dauphin (Tursiops truncatus) femelle, baptisé Thaïs, déjà mère par ailleurs d’une petite Hianau, a adopté un jeune dauphin d’Électre (Peponocephala electra) appelé Muffin. Une observation qualifiée par les chercheurs de « grande première dans le monde des mammifères monoparentaux sauvages ».Il faut savoir que chez le Grand dauphin, la gestation dure 12 mois. Après la naissance, la mère s’occupe de son unique petit pendant près de six ans. Un fardeau en principe suffisamment lourd à porter pour ne pas encourager la femelle à prendre en charge, en plus, l’éducation d’un autre petit.Une adoption à durée limitéeLes chercheurs ignorent tout des conditions qui ont mené à cette adoption exceptionnelle. Un kidnapping semble à exclure. Car ce genre de phénomène se produit surtout avec des femelles qui ont perdu leur propre petit. C’est donc probablement Muffin qui est à l’origine de son adoption par Thaïs. Une adoption qui a pu réussir du fait de la personnalité empathique et permissive de la femelle Grand dauphin.Longtemps, Muffin a été bien intégré dans la communauté locale des Grands dauphins. Et les chercheurs ont espéré pouvoir continuer à observer son comportement une fois l’âge adulte atteint. Mais après son sevrage, il a finalement été expulsé du groupe de manière assez brutale.© Groupe d’étude des mammifères marins