Pour produire cette animation, la Nasa s'est basée sur 35 ans de données satellite concernant l'âge de la glace – synonyme également d'épaisseur et de pérennité de la banquise –, ainsi que sur son étendue, entre 1984 et 2019. En persistant été après été, la glace la plus ancienne constitue historiquement la majorité de la banquise arctique telle que nous la connaissons, coiffant la Terre d'un éternel chapeau blanc. Elle atteint habituellement trois à quatre mètres d'épaisseur. La glace saisonnière qui vient prolonger la banquise jusqu'à son étendue maximale annuelle en hiver avant de fondre dès la saison estivale suivante, ne mesure quant à elle qu'un à deux mètres d'épaisseur.D'après l'échelle de teintes en haut à droite de la vidéo, la glace pérenne, définie ici comme existant de façon continue depuis plus de quatre ans, est représentée sans surprise en blanc. À l'opposé, on retrouve en gris foncé la glace la plus récente, âgée de moins d'un an. Une deuxième échelle dans le coin supérieur gauche reflète quant à elle la surface (en millions de kilomètres carrés) couverte semaine après semaine, mois après mois, année après année, par la couche de glace la plus ancienne. Un indicateur vert marque l'étendue maximale de la glace pérenne enregistrée depuis 1984 sur la semaine de l'année considérée, tandis qu'un indicateur mauve en définit la moyenne hebdomadaire calculée entre 1984 et 2003. D'ici la fin de la vidéo, ces deux démarcations ne deviendront plus que de lointains souvenirs d'une banquise autrefois prospère...2019, une année critique pour la banquise arctiqueCette animation illustre de façon choquante ce dont tout le monde a (ou devrait avoir) conscience à présent : la disparition progressive, et même accélérée, de la banquise arctique. Fragilisée, elle s'étiole au fil des années qui défilent, devenant dans l'ensemble plus fine, de moindre étendue et composée de glace qui ne survit plus à ne serait-ce qu'un été. Dès la seconde moitié des années 2000, elle n'est déjà plus que l'ombre d'elle-même. Vers le début de la vidéo, durant la première semaine de janvier 1988, en plein cœur de l'hiver, la glace âgée de plus de quatre ans recouvrait 3.121.000 km², selon un communiqué de la Nasa. Quelque trois décennies plus tard, pendant la première semaine de janvier 2019, cette glace pérenne ne s'étendait que sur 116.000 km², soit une baisse de près de 96 %.La banquise arctique dans sa globalité (couches de glace de tous âges confondus) a connu son étendue minimale annuelle record en septembre 2012, avec 3,39 millions de km², la plus faible valeur enregistrée depuis le début des observations satellite en 1979. Ce record ne devrait pas être battu cette année, même si la fonte des glaces estivale s'avère particulièrement inquiétante. D'après des chercheurs de l'Institut Alfred Wegener et de l'université de Brême (Allemagne), pour la seconde fois depuis 1979, l'étendue de la banquise serait ainsi passée sous la barre fatidique des 4 millions de km². Toutefois, pour le National Snow and Ice Data Center (NSIDC) américain, celle-ci couvrait encore 4,21 millions de km² au 16 septembre dernier.© Nasa Scientific Visualization Studio/Visualizers: Cindy Starr (lead), Horace Mitchell